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LE TEMPS

qui avoient oublié l’usage des toilettes, n’y resterent pas assez pour se faire attendre. Cette troupe charmante prit congé du Sage, & rejoignit précipitamment leur escorte, qui, à leur imitation, sans savoir pourquoi un voyage qui avoit commencé si paisiblement, se continuoit avec tant de diligence, s’empressa à l’envi à qui iroit le plus vîte, de sorte qu’en cette journée, faisant autant de chemin qu’ils en avoient fait en quatre autres, ils arriverent le soir même aux portes d’Angole ; mais il étoit déjà si tard, qu’elles étoient fermées, & il fallut rester dans le Fauxbourg.

La crainte qu’une trop grosse escorte, excitant les soupçons de Mouba, ne l’obligeât à se précautionner contre le secours qu’ils pourroient donner à la Reine, obligea les Princes à faire prendre diverses routes à leurs gens, en leur donnant toutefois rendez-vous au même lieu, avec ordre de ne pas témoigner qu’ils se connussent, ni qu’ils eussent le moindre dessein.

Merille & ses freres ne purent voir un Pays qui leur étoit si cher, & dont il y avoit si long-temps qu’ils étoient absents, sans répandre des larmes de joie. La Princesse sur-tout qui étoit fort empressée pour savoir des nouvelles de la Reine sa mere,