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ET LA PATIENCE.

terie. Ces passions, ces Divinités, & ces vices y étoient aussi dans leur centre.

Ce n’est pas qu’il n’y eût certains Cantons de cette espece d’Univers où la Sagesse & la Prudence avoient la préférence, mais ils étoient séparés des autres par de fortes barrières, & l’entrée en étoit interdite aux Temps dangereux & inconstants.

Un autre Temps heureux, & d’intelligence avec le Temps tranquille, y faisoit la destinée de ces fortunés Habitants. Les plaisirs innocents y paroissoient sans mêlange, & n’en troubloient point l’agrément. Les jardins n’y brilloient point par des couleurs moins vives ; mais l’air pur & calme qui y régnoit, empêchoit les fleurs de tomber au moindre vent ; & on jugeoit, à leur solidité, qu’elles ne laisseroient les arbres qu’elles couvroient, que pour faire place aux fruits, dont elles donnoient la douce espérance.

Il y en avoit même quelques-uns de précoces ; mais ceux du Printemps s’y voyoient en abondance, & ils avoient un goût bien plus exquis que le peu que l’on en voyoit du côté le plus brillant, dont des fleurs, la plupart sans culture, ne devant l’existence qu’au caprice de la nature, annonçoient, au moment de leur