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ET LA PATIENCE.

extrême confiance en elle, ce n’étoit point cependant sans peine qu’elle déféroit à ses conseils ; Balkir & elle ne s’y conformoient que par nécessité ; ce qui les força d’opiner à la recherche de ce Temps désiré, plutôt que de passer d’ennuyeux moments à l’attendre dans ce désert. La Patience leur représenta en vain, de son ton doux & paisible, que s’ils l’attendoient, ils seroient plus certains de le trouver dans de bonnes dispositions, que s’ils prenoient mal-à-propos la peine de le prévenir. Mais, voyant qu’ils refusoient absolument cet expédient comme étant trop lent, elle leur offrit de les mener où il étoit, pourvu qu’ils s’abandonnassent à sa conduite.

Ils aimerent mieux prendre ce parti que de suivre le premier, & ils marcherent après elle, quoique ce fût trop lentement à leur gré, sans que la vivacité qu’ils faisoient paroître, la fît hâter d’un pas. Ils avoient beau lui représenter ce qu’ils souffroient de son peu de diligence, elle n’en alloit pas plus vite, leur disant seulement d’une voix paisible, que ceux qui vont plus légérement, ne sont pas ceux qui vont plus sûrement. Si vous voulez continuer de m’accompagner, ajouta-t-elle, vous trouverez le Temps, & vous