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LE TEMPS

deur, l’avoit déja précipité dans plusieurs dangers, où il avoit pensé succomber, me solliciterent de me remarier. Comme je n’en avois nulle envie, je répondis que je trouvois plus convenable de marier mon fils, & de le mettre en état de se donner des héritiers, que de lui faire des cadets qui pourroient troubler son regne : je lui en fis la proposition, mais il me témoigna tant d’éloignement, que, sur les représentations que je lui faisois, lui remontrant qu’un Prince doit être la victime de l’Etat, j’eus lieu d’appréhender qu’il ne s’échappât furtivement pour conserver cette précieuse liberté dont il étoit si idolâtre.

Ses refus renouvellerent dans le cœur de mes Peuples le desir de me presser de nouveau. La raison de leur sollicitation étoit fondée sur l’espece de nécessité de faire alliance avec le Roi de Golgonde, de qui mes ennemis, jaloux de ma prospérité, se vouloient faire un Allié.

Il fallut céder à la force de leur raison. Mon fils, qui craignoit d’être le lien de la paix, voulant se délivrer de cette appréhension, n’étoit pas le moins empressé à me solliciter de recevoir la main de cette Princesse. Ce fut lui qui m’y détermina par ses instances, & qui me fit