Page:Villemain - Essais sur le génie de Pindare, 1859.djvu/353

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


CHAPITRE XVI.


Horace poëte lyrique. — Son art imitateur et original. — Son étude des plus anciens Grecs et son esprit nouveau. — Grandeur des sujets. — Timidité des sentiments. — Perfection du style et du goût ; inspiration rare, hors celle du plaisir. — Charme puissant et longue durée de cette poésie.


De toute l’antiquité, Horace est pour nous le plus imposant témoin du génie de Pindare. Il avait sous les yeux et dans la mémoire tous les chants du poëte thébain, tous les modes variés de sa lyre. Peut-être, dès la première jeunesse, les avait-il murmurés sous les platanes de l’Académie d’Athènes, quand le hasard le jeta dans une cause qu’il ne devait pas suivre longtemps. Plus tard, du moins, lorsqu’il voulut être l’artiste de la lyre romaine, comme il s’appelle, Romanæ fidicen lyræ, il médita les harmonieux lyriques de la Grèce avec la même ardeur qu’il étudiait Homère, Archiloque, Platon, et la comédie ancienne et nouvelle. Lui-même, dans une ode admirable de l’ordre critique, si on peut parler ainsi, a dénombré tout ce qu’il avait pu lire de Pindare, trésor en grande partie disparu