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CHAPITRE V.


Des traditions orphiques. — De la poésie venue d’Asie, même à Sparte : Alcman. — Arion de Méthymne.


Les poésies homériques, incontestables d’antiquité et de génie, quel qu’en soit l’auteur, supposent, avant elles, un monde déjà poétique, des fêtes religieuses, des chants, des oracles, tout ce mouvement lyrique naturel à l’âme humaine quand elle s’élève ou se passionne. Cet âge, antérieur aux deux grands poëmes homériques, revivait pour l’imagination grecque sous le nom d’Orphée. Suivant une hypothèse du célèbre Huet, cet Orphée n’était autre qu’un souvenir lointain de Moïse, reçu et altéré par les Grecs. Pour les anciens mêmes, c’était un symbole de l’antique poésie plutôt qu’un législateur véritable et un poëte. Aristote, nous dit Cicéron, affirme qu’il n’exista jamais de poëte Orphée[1]. Toutefois, du temps d’Aristote, il circulait

  1. Orpheum poetam docet Aristoteles nunquam fuisse ; et hoc Orphicum Carmen Pythagorei ferunt cujusdam fuisse Cercopis. Cic., de Nat. Deor., l. I, § 38.

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