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ront plus que jamais dans le xve siècle ; ils seront, pour ainsi dire, l’imagination publique du temps ; on les comptera par centaines, les Palmerin d’Olive, les Palmerin d’Angleterre, les Florian du désert, etc., etc. Je ne les ai pas lus tous ; mais M. de Paulmy les avait lus. Et notez que c’est une chose méritoire d’avoir lu M. de Paulmy ; car il a employé quarante volumes à rendre compte de ses lectures !

À quoi vient aboutir cette littérature ? Comment finit le xve siècle ? Par un narrateur trop peu moral, mais pénétrant et judicieux, par un excellent historien, par Comines. Remarquez-vous ces hasards de l’esprit français qui ressemblent bien à des lois générales et naturelles ? De même que les fabliaux et les contes du xiiie et du xive siècle avaient conduit à l’esprit si naïf et si piquant d’un narrateur comme Froissart ; ainsi tous les longs romans de chevalerie et toute l’érudition du xve siècle aboutissent à l’esprit judicieux et malin de Comines. Le génie de la nation, sous les influences les plus diverses de modes et d’études, semble surgir toujours, et se reproduit toujours, en finissant, à chaque époque, par son type le plus expressif et le plus heureux. (Mouvement dans l’auditoire.)