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NOTES ET ÉCLAIRCISSEMENTS.

d’A. Jannini, avec préface d’E. Allodoli. L’opéra de Leoncavallo est de 1896, non sans avoir été précédé, au début de la carrière de ce compositeur, d’un Chatterton, melodramma in duo atti (Bologna, Soc. tip., 1887 ; communication de M. Monglond).


JUGEMENTS D’ENSEMBLE POSTHUMES.

Dans son article du 15 avril 1864, (Revue des Deux Mondes ; Nouveaux Lundis, VI), Sainte-Beuve mettait au point assez justement la situation de Vigny, dramaturge autonome, La Maréchale d’Ancre « tentative » venant après d’autres préludes, Chatterton « triomphe public qui peut se discuter, non se contester ».

Montégut (Revue des Deux Mondes, 1er mars 1867 ; Nos morts contemporains, I) voit dans La Maréchale, « malgré une ou deux scènes émouvantes, une des œuvres les plus faibles que Vigny ait écrites ». Si attentif qu’il soit aux insuffisances de Chatterton, qui « irrite et lasse la sympathie du spectateur », il signale dans le triomphe de la pièce « l’heure la plus heureuse de Vigny », le moment fatidique dont une manière de miracle fît, pour lui, un arrêt de l’horloge de sa vie.

A. France, dans son Vigny, trouve que « La Maréchale d’Ancre, péchant contre l’histoire, pèche contre la vérité », mais voit dans le duel du 5e acte une des meilleures scènes de notre théâtre ; le charme de Quitte pour la peur est dans l’exquise discrétion des formes autour d’un sujet un peu brutal ; et Chatterton est « la pièce en prose la mieux écrite de tout notre théâtre moderne », avec une Kitty Bell comparable à la Monime de Racine.

Blaze de Bury (Revue des Deux Mondes, 1er juillet 1881) est, en somme, le dernier critique qui ait fait une place d’honneur à l’œuvre théâtrale de Vigny, même à La Maréchale, qui a le tort d’abandonner « l’histoire vue à la Shakespeare » et de laisser faiblir au deuxième acte un intérêt réel. Petit de Julleville (Théâtre en France) lui concède, il est vrai, des qualités d’auteur dramatique supérieures à celles d’Hugo, mais le juxtapose assez singulièrement au bon Dumas.

Bien qu’il reconnaisse sa dette à l’égard de Montégut, É. Faguet ne trouve rien à dire du théâtre de Vigny (xixe siècle, 1887). P. Bourget, de même, ne le considère pas de cet angle (Portraits d’écrivains, Études et Portraits, I) ; mais le centenaire du poète, en