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THÉÂTRE.

JOHN BELL.

Milord, Votre Seigneurie est trop bonne de me faire l’honneur de venir dans ma maison une seconde fois.

M. BECKFORD.

Oui, pardieu ! Bell, mon ami, c’est la seconde fois que j’y viens… Ah ! les jolis enfants que voilà !… Oui, c’est la seconde fois, car la première, ce fut pour vous complimenter sur le bel établissement de vos manufactures ; et aujourd’hui je trouve cette maison nouvelle plus belle que jamais : c’est votre petite femme qui l’administre, c’est très bien. — Mon cousin Talbot, vous ne dites rien ! Je vous ai dérangé, George ; vous étiez en fête avec vos amis, n’est-ce pas ? Talbot, mon cousin, vous ne serez jamais qu’un libertin ; mais c’est de votre âge.

LORD TALBOT.

Ne vous occupez pas de moi, mon cher lord.

LORD LAUDERDALE.

C’est ce que nous lui disons tous les jours, milord.

M. BECKFORD.

Et vous aussi, Lauderdale, et vous, Kingston ? toujours avec lui ? toujours des nuits passées à chanter, à jouer et à boire ? Vous ferez tous une mauvaise fin ; mais je ne vous en veux pas, chacun a le droit de dépenser sa fortune comme il l’entend. — John Bell, n’avez-vous pas chez vous un jeune homme nommé Chatterton, pour qui j’ai voulu venir moi-même ?