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poèmes antiques et modernes


XIII


Voilà toute la famille
Qu’en mon temps il me fallait ;
Ma Frégate était ma fille.
Va ! lui disais-je. — Elle allait,
S’élançait dans la carrière,
Laissant l’écueil en arrière,
Comme un cheval sa barrière ;
Et l’on m’a dit qu’une fois
(Quand je pris terre en Sicile)
Sa marche fut moins facile :
Elle parut indocile
Aux ordres d’une autre voix.

XIV


On l’aurait crue animée[1] !
Toute l’Égypte la prit,
Si blanche et si bien formée,
Pour un gracieux Esprit[2]
Des Français compatriote,
Lorsqu’en avant de la flotte.
Dont elle était le pilote,


    — On est prêt. — « Qu’on me suive. » — La victoire est à lui. — Tels sont ses brefs commandements, telle est sa promptitude : tous obéissent ; il en est peu qui demandent pourquoi.

  1. Byron, Le Corsaire, I, 3 : Comme il [le navire] s’avance avec grâce et majesté !… Il parcourt le liquide élément comme un être doué de la vie (like a thing of life), et semble défier les flots.
  2. Var : A-C3, esprit