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LA NEIGE[1]

poème


La division en deux sections n’existe pas dans O.

Sous-titre : O, P2, Ballade. A, Conte.

I

Qu’il est doux, qu’il est doux d’écouter des histoires,
Des histoires du temps passé,
Quand les branches d’arbres sont noires[2],
Quand la neige est épaisse et charge un sol glacé !
Quand seul dans un ciel pâle un peuplier s’élance,
Quand sous le manteau blanc qui vient de le cacher
L’immobile corbeau sur l’arbre se balance.
Comme la girouette au bout du long clocher !


  1. La légende que Vigny raconte ici après beaucoup d’autres, notamment après Millevoye, auteur, en 1808, d’un poème d’Emma et Éginard, a pour point de départ une tradition recueillie, vers la fin du xiie siècle, dans le Cartulaire de l’abbaye de Lorsch. On en trouvera le texte intégral dans les Monumenta Germaniæ historica de Pertz, Scriptoruni, tomus XXI, Hannoverae, 1868, p. 357-359, ou dans les Œuvres complètes d’Éginhard, éd. Teulet, Paris, 1840-1843, tome 11, p. xxiv et 61. Je donne ci-dessous quelques extraits du récit abrégé qui, inséré dans le Dictionnaire de Bayle, art. Éginhart, puis dans le Spectateur, ou le Socrate moderne, trad. de l’anglais, 51e discours, 1716, popularisa cette anecdote, destinée à devenir, entre 1770 et 1825, grâce à la vogue du genre troubadour, un des thèmes favoris de la poésie française.
  2. Var : O, branches d’arbre