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Se confondront pour nous et le bien et le mal[1].
Tu n’as jamais compris ce qu’on trouve de charmes
À présenter son sein pour y cacher des larmes[2].
Viens, il est un bonheur que moi seul t’apprendrai ;
Tu m’ouvriras ton âme, et je l’y répandrai.
Comme l’aube et la lune au couchant reposée
Confondent leurs rayons, ou comme la rosée
Dans une perle seule unit deux de ses pleurs
Pour s’empreindre du baume exhalé par les fleurs[3].
Comme un double flambeau réunit ses deux flammes,
Non moins étroitement nous unirons nos âmes.
— Je t’aime et je descends. Mais que diront les Cieux[4] ? »



En ce moment passa dans l’air, loin de leurs yeux,
Un des célestes chœurs, où, parmi les louanges[5].
On entendit ces mots que répétaient des Anges[6] :
« Gloire dans l’Univers, dans les Temps, à celui[7]

  1. Byron, Caïn, II, 2 (Lucifer à Caïn) : Le bien et le mal sont tels par leur propre essence, et ne sont pas rendus bon ou mauvais par celui qui les dispense ; mais si ce qu’il vous donne est bon, appelez-Le bon ; si le mal sort de Lui, ne me l’attribuez pas, avant de mieux connaître sa véritable source ; jugez non pas sur des paroles prononcées par des esprits, mais sur les fruits de votre existence, telle qu’elle doit être.
  2. Var : M1, pour recevoir (corr. : pour y cacher) des larmes.
  3. Var : M1, 1er main, Pour savourer l’encens qui s’exhale des fleurs, 2e main, texte actuel.
  4. Var : M1, 1er main, Mais nous voit-on des Cieux ? 2e main, mais que diront (pensent biffé) les cieux ?
  5. Var : M1, 1er main, Un nuage, où, parmi des chants et des louanges, 2e main, Un de ces chœurs divins, où, parmi les louanges, 3e main, texte actuel.
  6. Var : M1, On entendait
  7. Var : M1, Gloire dans l’Univers, gloire au Ciel, à celui O, A-C3, temps,