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LES DESTINÉES.

Vous haïssiez la paix, l’ordre et les lois civiles
Et la sainte union des peuples dans les villes,
Et vous voilà cernés dans l’anneau grandissant.
C’est la loi qui, sur vous, s’avance en vous pressant.
La loi d’Europe est lourde, impassible et robuste ;
Mais son cercle est divin, car au centre est le Juste.
Sur les deux bords des mers vois-tu de tout côté
S’établir lentement cette grave beauté ?
Prudente fée, elle a, dans sa marche cyclique,
Sur chacun de ses pas mis une république.
Elle dit, en fondant chaque neuve cité :
« Vous m’appelez la Loi, je suis la Liberté. »
Sur le haut des grands monts, sur toutes les collines,
De la Louisiane aux deux sœurs Carolines.
L’œil de l’Européen qui l’aime et la connaît