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A peut-être enfante pour venger l’Amérique
Des crimes de ses conquérants.
La soif de l’or, l’avarice sordide,
N’avoient point de Montègre enflammé les désirs.
Il n’alloit demander à ce climat perfide
Ni des trésors ni des plaisirs ;
D un plus noble destin son ame étoit avide ;
L’amour seul des humains avoit guidé ses pas ;
Et sur cette terre homicide
Son zèle trop ardent a causé son trépas.
Sa jeunesse brillante en un jour s’est flétrie :
L’infortuné, vaincu par la douleur,
Dans ses regrets en vain a nommé la patrie ;
Sous le sol embrasé des feux de l’équateur
Sa dépouille est ensevelie,
Et la patrie en deuil n’a reçu que son cœur.


On a cru long-temps qu’il étoit mort victime du fléau qu’il vouloit observer sur le théâtre même de ses ravages périodiques ; mais la cause de sa mort nous est enfin connue, et cette cause n’est pas moins honorable pour sa mémoire. Une femme alloit périr dans les flots, Montègre s’y précipita pour la sauver, et fut assez heureux pour la ramener sur le rivage ; mais l’impression de l’eau sur son corps baigné de sueur fut mortelle pour