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semble ; ils cherchent à populariser la science, et perdent quelquefois leur temps en essayant de pénétrer dans les mystères de la création. L astronome Messier, dont la tombe s’élève en face de celle de Persuis, n’aspiroit pas à cette gloire. Son plaisir unique, sa passion favorite, étoit de découvrir ces astres errants que l’ignorance et la superstition redoutaient autrefois comme des présages sinistres. Louis XV l’avoit surnommé le furet des comètes. Il se vantoit d’avoir dépisté pendant quinze ans toutes celles qui avoient paru sur notre horizon ; il ne pouvoit souffrir qu’un autre lui enlevât cet honneur. Il en vint une pendant qu’il pleuroit la mort de sa femme ; elle lui fut escamotée par un Limousin, et il fut désespéré d’avoir abandonné sa lunette. Hélas ! s’écrioit-il avec un sérieux comique, j’en avois découvert douze, faut-il qu’on m’ait enlevé la treizième ? Les savants de son siècle se moquoient de sa manie ; ils méprisoient un homme qui n’avoit d’autre mérite que la patience : mais Lalande a consolé ses mânes en donnant le nom de Messier à un groupe d’étoiles dont on avoit