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Nous avons recueilli, madame, cette tradition de l’antiquité, et le dernier siècle a fait cette révolution dans nos mœurs. L’étude et le spectacle des grandes choses en ont produit l’enthousiasme. L’état n’a plus besoin que de diriger cet élan général vers la gloire. Jamais on n’a poussé plus loin l’amour des grands talents et des grandes vertus. Chacun s’empresse à les honorer par des monuments, par des statues ; et Grétry, comme Voltaire, a vu élever la sienne sous le portique du théâtre qu’il avoit illustré. Le triomphe de son art excita parmi nous une émulation prodigieuse. La musique fut naturalisée en France ; des écoles publiques lui furent ouvertes. Les Gluck, les Sacchini, les Piccini, nous crurent dignes de leur adoption. Mais cette émulation même a produit de nos jours un résultat funeste. En propageant les secrets de l’harmonie, on a réveille l’ambition de la médiocrité. Fière du talent qu’elle pouvoit acquérir, elle à cru suppléer par ses études aux inspirations du génie dont la nature est toujours avare. Lasse d’invoquer en vain cette mélodie qui est la pensée du