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étoient chargés des richesses d’Ophir ; ses serviteurs et ses ministres étoient couverts d’or et de pierreries ; la reine de Saba fut éblouie de sa magnificence ; le temple de Jérusalem étoit son ouvrage ; ses armées avoient triomphé des Chananéens, et mille femmes attendoient les ordres de sa volupté. Que sont devenus ce faste, cet éclat, et cette puissance ? Où est la poussière de celui qui en a joui ? où nous irons tous !… Trente siècles ont roulé sur elle, et trente dynasties ont régné sur les débris de ses palais et de ses temples ; et des pierres de ses édifices le Tartare du Désert a bâti des masures et des mosquées !… et, pendant que ma pensée erroit sur les ruines de Jérusalem, mes pas avoient gravi la colline où s’élevoit autrefois le palais d’un jésuite, ou s’élève maintenant une chapelle funèbre. Je m’étois assis sur les marches de ce temple de la mort, et je promenois mes regards sur l’espace. J’aperçus à mes pieds cette ville immense ; cette superbe rivale d’Athènes, de Babylone, et de Rome ; cette capitale dont un homme avoit fait la capitale de l’Europe. Ses dômes fastueux s’élevoient dans les airs. Dans