Page:Viennet - Promenade philosophique au cimetière du père la Chaise.djvu/295

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

De raisins et de pampres verts ;
Le dieu qui de Cythère habite les bocages,
Le dieu Momus, le dieu des vers,
Font les heureux de l’univers ;
Et les seuls heureux sont les sages.


Le conseil étoit admirable ; mais celui qui me le donnoit avoit, comme les autres, senti germer l’ambition dans sa tête octogénaire. Le vieux Laujon voulut passer par l’académie, comme disoit le poète Delille en le présentant à ses confrères. L’académie s’ouvrit pour le laisser passer ; et, six mois après, il étoit à la place où je viens de le trouver. Que lui fait aujourd’hui cette félicité passagère ? et quand elle eût duré soixante-dix ans, comme celle de Fontenelle, qu’est-ce que cela feroit encore ? Quand on est rendu là, qu’importe d’où l’on est venu et par où l’on a passé ? Que sont quelques pas de plus ou de moins ? Il avoit raison le sage de l’Écriture : vanité des grandeurs, vanité des richesses, vanité du pouvoir, vanité de la gloire, et tout est vanité : et il le savoit le fils de David, car il avoit joui de tout. Ses états s’étendoient depuis les plages de Tyr jusqu’à l’Euphrate ; ses vaisseaux