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les comédiens et les auteurs qui le lui procuroient ; et j’ai vu naguère, dans le midi de la France, des hommes de la même robe menacer des feux éternels et des foudres de l’Église les honnêtes gens qui alloient entendre les vers de Racine, ou la musique de Grétry ; tandis qu’à Rome, sous les yeux du pape, près du tombeau du prince des apôtres, au sortir de la basilique de Saint-Pierre, les cardinaux et les évêques ne se font pas même un scrupule d’étaler au spectacle leur pallium et leur barette. Les fervents du sacerdoce en sont demeurés en France au moyen âge ; et pour faire de l’enterrement de Raucourt une pieuse saturnale du treizième siècle, il ne leur a manqué qu’un peuple de sots et de fanatiques.


Mais ce peuple est changé, ses yeux se sont ouverts
Aux erreurs du vieux temps son esprit se refuse ;
Il rit de l’insensé qui dévoue aux enfers
Le sage qui l’instruit, le talent qui l’amuse.
Il n’a point cependant déserté les autels
Du Dieu qu’adoroient ses ancêtres ;
Il l’adore comme eux : il honore les prêtres
Qui sont dignes encor du respect des mortels.
Mais de l’intolérant sa raison se défie.