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nement de cette reine de théâtre ne fit point époque dans nos fastes dramatiques ; elle succédoit à de trop grands talents, et le sceptre des Dumesnil et des Clairon étoit difficile à porter ; mais la noblesse de sa taille, la majesté de ses attitudes, le mordant de son organe, la pureté de sa diction, suppléoient à ces inspirations sublimes, à ces élans passionnés qu’on verioit d’applaudir dans les actrices dont elle recueilloit l’héritage. L’art ne dégénéra point sous son règne ; et Raucourt a laissé quelques traditions heureuses dans les rôles de Médée, de Léontine, et de Cléopâtre. Après avoir fait un peu de bruit pendant sa vie, elle faillit causer après sa mort un fracas épouvantable. Nos prêtres renouvelèrent le scandale qui avoit affligé la France à la mort de Molière, de Lecouvreur, et de Chameroi. Le même curé, qui venoit daccepter 700 francs de Raucourt, lui refusa huit jours après la sépulture. Un autre en avoit accepté 1,000 d’Adrienne Lecouvreur sans l’enterrer. L’ancien archevêque de Paris, qui levoit sur les spectacles un impôt de cent mille écus, n’en excommunioit pas moins