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Consoleront le dieu de l’harmonie,
Et les nymphes de Castalie,
De ces triomphes insultants
Qu’usurpent tous les jours dans la nouvelle Athène
Des muses que jamais n’abreuva l’Hippocrène,
Et tous ces Apollons bâtards,
Qui, d’une voix rauque et grossière,
Ivres d’hydromel et de bière,
Chantant au milieu des brouillards.


Puisse la mort lui avoir laissé le temps de terminer ses ébauches ; car il étoit rentré dans le sein des Muses ! La solitude et le calme des champs faisoient les délices de ses derniers jours ; il y polissoit les ouvrages de sa jeunesse ; il y donnoit ses derniers soins au poème de la Grèce délivrée. Combien de fois il a dû regretter les moments qu’il avoit perdus ! comme il a dû sentir le néant de ces grandeurs qui l’avaient distrait du culte des Muses ! La simplicité de son épitaphe atteste qu’il avoit apprécié à leur juste valeur ces frivoles hochets de l’ambition, et qu’il ne comptait pas sur eux pour sa gloire. La colonne funèbre qui pèse sur sa tombe ne porte que son nom et la date de sa naissance ; mais ce nom