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de l’abbé Siéyes fut le diplomate en faveur ; mais après cette campagne mémorable, la diplomatie françoise n’avoit plus rien de difficile. Les envoyés de Napoléon ressemblent alors à ceux du peuple romain. Leurs avis étoient des lois, et les souverains de l’Europe alloient au-devant des volontés dont nos ambassadeurs étoient les interprètes. Une seule négociation présenta quelques difficultés, mais les talents et le caractère d’Otto en triomphèrent. Laissé à Vienne, après la bataille de Wagram, il fut chargé de préparer le vaincu à donner sa fille au vainqueur. Le choix du négociateur parut d’abord une injure ; car c’étoit lui qui avoit causé, quatre ans auparavant, la défaite des armées autrichiennes. Mais il joignoit tant d’adresse à tant de loyauté, il avoit des formes si douces, une instruction si variée, une éloquence si persuasive, qu’il détruisit en un moment les préventions défavorables dont il étoit l’objet. Son caractère lui avoit mérité jadis l’amitié de Washington, et, plus tard, la considération des ministres de Georges III. Il séduisit les ministres de François II, et par-