Page:Viennet - Promenade philosophique au cimetière du père la Chaise.djvu/154

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

et de la faveur du ciel, Beurnonville crut voir dans le retour des Bourbons le salut de la patrie, et se prononça contre la dynastie impériale. Le nouveau monarque paya, bientôt après, la dette de la révolution en élevant ce guerrier au rang des maréchaux ; mais personne n’est venu payer sur son cercueil la dette de la patrie. Aucun orateur ne s’est fait entendre sur sa tombe ; et ma foible voix essaie aujourd’hui de réparer cette injustice.

Il n’eut pas à se plaindre de cet injurieux silence, le prêtre vénérable qui dort sous un tapis de gazon, à quelques pas de Beurnonville, à l’ombre d’un mausolée magnifique, dernier asile d’un ambassadeur étranger : l’abbé Sicard est descendu dans le sein de la terre au bruit des éloges de ses contemporains et des sanglots de ses élèves. Digne héritier du zèle et du savoir de l’abbé de l’Épée, il fut, comme lui, l’instituteur, le soutien, le père, la seconde providence des sourds-muets, de ces jeunes infortunés, qui, frappés dans le sein maternel de la réprobation de la nature, n’ayant pas besoin de naître pour subir les infirmités de la vie humaine, ne