Page:Vie de Lazarille de Tormès, 1886.djvu/186

Cette page a été validée par deux contributeurs.
134
LAZARILLE

eu connaissance de ma personne, parce que je lui criais ses vins, chercha à me marier avec une sienne servante ; et moi, voyant qu’il ne m’en pouvait venir que bien et faveur, j’y consentis. Je me mariai donc avec elle, et, jusqu’ici, n’ai point eu lieu de m’en repentir ; car, outre qu’elle est bonne fille et diligente ménagère, j’ai en M. l’Archiprêtre toute faveur et protection. Bon an, mal an, il lui donne de temps à autre une charge de froment, aux grandes fêtes de la viande, parfois une couple de pains de l’offrande et les vieilles chausses qu’il ne met plus. Il nous a fait louer une maisonnette joignant la sienne, où, presque tous les dimanches et fêtes, nous avions accoutumé de manger ; mais les méchantes langues, qui ne chôment jamais, ne nous laissaient