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LAZARILLE

fut le premier échelon que je gravis pour atteindre la bonne vie, car alors je mangeais à ma faim. Chaque jour, je rapportais de gain à mon maître trente maravédis, le samedi excepté, où je gagnais pour moi seul, et, outre cela, tous les jours, le surplus des trente maravédis m’était encore laissé.

Le métier me réussit si bien qu’au bout de quatre ans, avec ce que j’avais épargné, je pus me vêtir fort honorablement à la friperie, où j’achetai un pourpoint de futaine, un saye râpé à manches passementées et à pochette, un manteau qui