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LAZARILLE

y a bien plus à dire sur vous et votre fausseté, mais cela suffit pour l’instant. »

Alors M. le Commissaire, tombant à genoux dans la chaire, les mains jointes, les yeux levés au ciel, dit ceci : « Seigneur Dieu, à qui aucune chose n’est cachée, mais toutes sont manifestes, et à qui rien n’est impossible, tu sais la vérité et combien je suis injustement outragé. En ce qui me touche, je le pardonne, pour que toi, Seigneur, tu me pardonnes. Ne prends point garde à cet homme qui ne sait ce qu’il dit, ni ce qu’il fait. Mais l’injure à toi faite, je te prie et te requiers, au nom de la justice, de ne la point dissimuler, car peut-être se trouve-t-il ici quelqu’un qui pensait prendre la bulle et qui, ayant ajouté foi aux paroles fausses de cet homme, est près d’y renoncer. Et cela devant être si préjudiciable au prochain, je te supplie, Seigneur, de ne le point dissimuler, mais de montrer ici promptement un miracle qui ait lieu en cette forme : si ce que celui-ci a dit est vrai et si je suis coupable de malice et de fausseté, que cette chaire s’abîme avec moi et descende sept brasses sous terre, d’où elle ni moi ne reparais-