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à la bannière de la police ; et que ces derniers à l’exemple de tous les transfuges ne déploient jamais plus de zèle que quand il s’agit de servir un ami, c’est-à-dire d’arrêter un ex-camarade. En général, un voleur qui se croit corrigé est sans pitié pour ses anciens confrères : plus il aura été intrépide dans son temps, plus il se montrera implacable à leur égard.

Un jour les nommés Cerf, Macolein et Dorlé, sont amenés au bureau comme prévenus de vols ; en les voyant, Coco-Lacour, longtemps leur compagnon et leur intime, est comme transporté d’indignation, il se lève et apostrophe Dorlé en ces termes :

« Lacour. – Eh bien ! monsieur le drôle, vous ne voulez donc pas vous corriger ?

» Dorlé. – Je ne vous comprends pas, monsieur Coco, de la morale ?

» Lacour, furieux. – Qu’appelez-vous Coco ? Sachez que ce nom n’est pas le mien, je me nomme Lacour ; oui, Lacour, entendez-vous ?

» Dorlé. – Ah ! mon Dieu, je ne le sais que trop, vous êtes Lacour ; mais vous n’avez sans doute pas oublié que lorsque nous étions camarades, vous ne vouliez pas d’autre nom que Coco, et tous les amis ne vous ont jamais appelé