Page:Vidocq - Mémoires - Tome 3.djvu/45

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pas qu’il n’est point de main adroite, si elle n’est complètement nue, restèrent bouche close, ils savaient le proverbe : Il n’est si bon matou qui attrape une souris avec des mitaines. Ce fut le matin à l’ordre que je fis connaître aux agents l’expédient que j’avais trouvé pour faire cesser toutes les clabauderies auxquelles ils étaient en butte.

« Messieurs, leur dis-je, on ne veut pas plus croire à votre probité qu’on ne croit à la chasteté des prêtres. Eh bien ! pour donner tort aux incrédules, j’ai pensé qu’il n’y avait rien de si naturel, dans un cas comme dans l’autre, que de paralyser le membre qui peut être l’instrument du péché ; chez vous, messieurs, ce sont les mains : je sais que vous êtes incapables d’en faire un mauvais usage, mais pour éviter tout prétexte au soupçon, j’exige que dorénavant vous ne sortiez qu’avec des gants. »

Cette précaution, je dois le dire, n’était pas commandée par la conduite de mes agents, puisque aucun des voleurs ou forçats que j’ai employés ne s’est compromis aussi longtemps qu’il a fait partie de la brigade ; quelques-uns sont retombés dans le crime, mais s’ils sont devenus