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deux commissionnaires, leur avait fait enlever les glaces, et s’était dirigé avec eux du côté de la fontaine des Invalides. Au dire du gardien, l’individu qu’il signalait pouvait être âgé d’environ vingt-trois ans, et n’avait guères que cinq pieds un pouce ; il était vêtu d’une redingote de drap gris-foncé, et avait une assez jolie figure. Ces données ne me furent pas immédiatement utiles, mais elles me conduisirent indirectement à trouver un commissionnaire qui, le lendemain du vol, avait transporté des glaces d’une belle grandeur, rue Saint-Dominique, où il les avait déposées dans le petit hôtel Caraman. Il se pouvait bien que ces glaces ne fussent pas celles qui avaient été volées ; et puis, en supposant que ce fussent elles, qui me répondait qu’elles n’avaient pas changé de domicile et de propriétaire ? On m’avait désigné la personne qui les avait reçues ; je résolus de m’introduire chez elle, et pour ne lui inspirer aucune crainte, ce fut dans l’accoutrement d’un cuisinier que je résolus de m’offrir à ses regards. La veste d’indienne et le bonnet de coton sont les insignes de la profession ; je m’en affuble, et après m’être bien pénétré de l’esprit de mon rôle, je me rends au petit hôtel de Caraman, où je monte