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DI VIDOOQ· au ’

n toi pas parlir, toi spispouf tute même ». Il ne répondit pas, mais quand, avec mes doigts crispés à la normande, il me vit faire le geste de prendre, il ne put s’empêcher de sourire avec cette expression pudibonde du Oui que l’on n’ose prononcer. Le tartuffe avait de la vergogne ; vergogne de dévot, s’entend. i.

Eniin vient le moment tant désiré d’une extraction, qui va nous mettre à même d’accomplir nos desseins. Il y à trois grandes · heures que Moiselet est prêt ; pour lui donner du courage, je n’ai pas négligé de le pousser au vin et à l’eau-de-vie, et il ne sort de la prison qu’a près avoir reçu tous ses sacrements. ’ Nous ne sommes attachés qu’avec une corde très roi nce ; chemin faisant, il me fait signe I qu’il ne sera pas difficile de la rompre. Il ne se doute guères que ce sera rompre le charme qui l’a préservé jusqu’alors. Plus nous allons, plus il me témoigne qu’il met en moi l’espoir de son salut ; à ’ chaque minute, il me réitère la prière de ne pas l’abandonner, et moi de répondre : « Ia, Frunçous, ia moi pas lâchir vous. » Enfin, nous touchons l’instant décisif ; la corde est rompue, je franchis le fossé qui nous sépare ’ d’un’taillis. Moiselet, qui a retrouvé ses jambes