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on lui versa du parfait-amour : ça se laisse boire, observa Belle-Rose, mais ce n’est encore que de la petite bière auprès des liqueurs de la célèbre madame Anfoux.

M. Belle-Rose s’était placé entre Fanfan et moi. Tout le temps du repas il eut soin de nous. C’était toujours la même chanson : videz donc vos verres, et il les remplissait sans cesse. Qui m’a bâti des poules mouillées de votre espèce, disait-il d’autres fois ; allons ! un peu d’émulation, voyez, moi comme j’avale ça.

Ces apostrophes et bien d’autres produisirent leur effet. Fanfan et moi, nous étions ce qu’on appelle bien pansés, lui surtout. – M. Belle-Rose, c’est-il encore bien loin les colonies, Chandernagor, Sering-a-patane ? c’est-il encore bien loin ? répétait-il de temps à autre, et il se croyait embarqué, tant il était dans les branguesindes. – Patience ! lui répondit enfin Belle-Rose, nous arriverons : en attendant, je vais vous conter une petite histoire. Un jour que j’étais en faction à la porte du gouverneur… – Un jour qu’il était gouverneur, redisait après lui Fanfan. – Taisez-vous donc, lui dit Belle-Rose en lui mettant la main sur la bouche, c’est quand je n’étais encore