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et les plus populeuses, n’ose plus dormir ; le Parisien appréhende de quitter son logis pour la plus petite excursion à la campagne ; on n’entend plus parler que d’escalades, de portes ouvertes à l’aide de fausses clefs, d’appartements dévalisés, etc., et pourtant nous sommes encore dans la saison la plus favorable aux malheureux : que sera-ce donc quand l’hiver fera sentir ses rigueurs, et que, par l’interruption des travaux, la misère atteindra un plus grand nombre d’individus ? car en dépit des assertions de quelques procureurs du roi, qui veulent à toute force ignorer ce qui se passe autour d’eux, la misère doit enfanter des crimes ; et la misère, dans un état social mal combiné, n’est pas un fléau dont on puisse se préserver toujours, même quand on est laborieux. Les moralistes d’un temps où les hommes étaient clairsemés ont pu dire que les paresseux seuls sont exposés à mourir de faim ; aujourd’hui tout est changé, et si l’on observe, on ne tarde pas à se convaincre, non seulement qu’il n’y a pas de l’ouvrage pour tout le monde, mais encore que dans le salaire de certains labeurs, il n’y a pas de quoi satisfaire aux premiers besoins. Si les circonstances se présentent aussi graves que l’on peut