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sur un espace aussi vaste que celui que je devais explorer. Sans doute le concours de ces trois circonstances devait s’y présenter plus d’une fois. Combien de bossues, tant vieilles que jeunes, ne compte-t-on pas dans Paris ; et puis des rideaux jaunes, qui pourrait les nombrer ? En résumé, les données étaient assez vagues : cependant il fallait résoudre le problème. J’essayai si, à force de recherches, mon bon génie ne me ferait pas mettre le doigt sur le bon endroit.

Je ne savais pas par où commencer ; toutefois, comme je prévoyais que dans mes courses, c’était principalement à des femmes du peuple, c’est-à-dire à des commères, filles ou non, que j’allais avoir affaire, je fus bientôt fixé sur l’espèce de déguisement qu’il me convenait de prendre. Il était évident que j’avais besoin de l’air d’un monsieur bien respectable. En conséquence, au moyen de quelques rides factices, de la queue, du crêpé à frimas, de la grande canne à pomme d’or, du chapeau à trois cornes, des boucles, de la culotte et de l’habit à l’avenant, je me métamorphosai en un de ces bons bourgeois de soixante ans, que toutes les vieilles filles trouvent bien conservé : j’avais tout à fait l’aspect et la mise d’un de ces richards du Marais, dont la face rougeaude et engageante