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J’avais fort à faire pour jouer le personnage de Germain. La difficulté ne m’effraya pas : mes cheveux, coupés à la manière du bagne, furent teints en noir ainsi que ma barbe, après que je l’eus laissée croître pendant huit jours ; afin de me brunir le visage, je le lavai avec une décoction de brou de noix ; et pour compléter l’imitation, je simulai la roupie en me garnissant le dessous du nez d’une espèce de couche de café rendue adhérente au moyen de la gomme arabique ; cet agrément n’était pas superflu, car il contribuait à me donner l’accent nasillard de Germain. Mes pieds furent également arrangés avec beaucoup d’art : je me fis venir des ampoules, en me frottant d’une espèce de composition dont on m’avait communiqué la recette à Brest. Je dessinai les stigmates des fers ; et quand toute cette toilette fut terminée, je pris l’accoutrement qui convient à la position. Je n’avais rien négligé pour donner de la vraisemblance à la métamorphose, ni les souliers, ni la chemise marquée des terribles lettres GAL : le costume était parfait, il n’y manquait que quelques centaines de ces insectes qui peuplent les solitudes de la pauvreté et qui furent je crois, avec les sauterelles et les crapauds,