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eu quelque démêlé avec la justice ; elle les accueillait comme la mère d’un soldat accueille les camarades de son fils. Pour être bien venu auprès d’elle, il suffisait d’être du même régiment que Noël aux besicles, et alors, autant par amour pour lui que par goût peut-être, elle aimait à rendre service ; aussi était-elle regardée comme la mère des voleurs, c’était chez elle qu’ils descendaient ; c’était elle qui pourvoyait à tous leurs besoins ; elle poussait la complaisance jusqu’à leur chercher de l’ouvrage, et quand un passeport était indispensable pour leur sûreté, elle n’était pas tranquille qu’elle n’eût réussi à le leur procurer. Mme Noël avait beaucoup d’amies parmi les personnes de son sexe ; c’était d’ordinaire au nom de l’une d’elles que le passeport était pris : à peine était-il délivré, une bonne lessive d’acide muriatique oxygéné faisait disparaître l’écriture, et le signalement du monsieur, ainsi que le nom qu’il lui convenait de prendre, remplaçaient le signalement féminin. Mme Noël avait même d’habitude sous la main une raisonnable provision de ces passeports lavés, qui étaient comme des chevaux à toute selle.

Tous les galériens étaient les enfants de madame