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une lâcheté impardonnable ! Ma conduite me semblait, non seulement répréhensible, mais encore je pensais qu’elle méritait la punition la plus sévère. J’étais au désespoir d’avoir suivi l’impulsion des inspecteurs : décidé à réparer ma faute, je prends le parti de retourner seul au poste qui m’était assigné, bien résolu à y passer la nuit, dussé-je mourir sur place. Je revins donc à la Pologne, et me blottis dans un coin pour ne pas être aperçu par Delzève, dans le cas où il lui prendrait fantaisie de venir.

Il y avait une heure et demie que j’étais dans cette position ; mon sang se congelait ; je sentais faiblir mon courage ; tout à coup il me vient une idée lumineuse : non loin de là est un dépôt de fumier et d’autres immondices, dont la vapeur révèle un état de fermentation : ce dépôt est ce que l’on nomme la voirie ; j’y cours, et après avoir creusé dans un endroit une fosse assez profonde pour y descendre jusqu’à hauteur de la ceinture, je m’enfonce dans le fumier où une douce chaleur rétablit la circulation dans mes veines.

À cinq heures du matin, je n’avais pas quitté ma retraite, où, sauf l’odeur, j’étais assez bien. Enfin la porte de la maison qui m’était signalée