Page:Vidocq - Mémoires - Tome 2.djvu/35

Cette page n’a pas encore été corrigée

d’une pareille noirceur, mais elle avait sans doute commis quelque indiscrétion. Maintenant qu’on avait l’éveil sur moi, devais-je rester à Arras ? il eût fallu me condamner à ne plus sortir de ma cachette. Je ne pus me résigner à une vie si misérable, et je pris la résolution d’abandonner définitivement la ville. La mercière voulut à toute force me suivre : elle avait des moyens de transport ; ses marchandises furent promptement emballées. Nous partîmes ensemble : et comme cela se pratique presque toujours en pareil cas, la police fut informée la dernière de la disparition d’une femme dont il ne lui était pas permis d’ignorer les démarches. D’après une vieille idée, on présuma que nous gagnerions la Belgique, comme si la Belgique eût encore été un pays de refuge ; et tandis qu’on se mettait à notre poursuite dans la direction de l’ancienne frontière, nous nous avancions tranquillement vers la Normandie par des chemins de traverse, que ma compagne avait appris à connaître dans ses exploitations mercantiles.

C’était à Rouen que nous avions projeté de fixer notre séjour. Arrivé dans cette ville, j’avais sur moi le passeport de Blondel, que je m’étais procuré à Arras ; le signalement qu’il me donnait