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haute importance. Je m’affublai donc d’un costume convenable, et le soir même, je me mis en campagne dans le faubourg Saint-Germain, dont je parcourus les mauvais lieux. À minuit, j’entre chez un nommé Boucher, rue Neuve-Guillemain, je prends un petit verre avec les filles publiques, et tandis que je suis dans leur compagnie, j’entends, à une table voisine de la mienne, résonner le nom de Constantin ; j’imagine d’abord qu’il est présent, je questionne adroitement une fille. – Il n’est pas là, me dit-elle, mais il y vient tous les jours avec ses amis. Au ton dont elle me parla, je crus m’apercevoir qu’elle était très au fait des habitudes des ces messieurs ; je l’engageai à souper avec moi, dans l’espoir de la faire jaser ; elle accepta, et lorsqu’elle fut passablement animée par l’effet des liqueurs fermentées, elle s’expliqua d’autant plus ouvertement, que mon costume, mes gestes et surtout mon langage la confirmaient dans l’idée que j’étais un ami (voleur). Nous passâmes une partie de la nuit ensemble, et je ne me retirai que lorsqu’elle m’eut instruit des endroits que fréquentait Gueuvive.

Le lendemain, à midi je me rendis chez Boucher. J’y retrouvai ma particulière de la veille ;