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du message. La femme du receleur donna à plein collier dans le piège que je lui tendais. Elle me chargea d’aller chercher trois fiacres et de revenir aussitôt. Je sortis pour m’acquitter de la commission ; mais, chemin faisant, je donnai à l’un de mes affidés l’ordre de ne pas perdre de vue les voitures, et de les faire arrêter dès qu’il en recevrait le signal. Les fiacres sont à la porte ; je remonte au logis, et déjà le déménagement se prépare : la maison est encombrée d’objets de tout genre, pendules, candélabres, vases étrusques, draps, casimirs, toile, mousseline, etc. Toutes ces marchandises étaient extraites d’un cabinet dont l’entrée était masquée par une grande armoire si bien adaptée, qu’il aurait été impossible de s’apercevoir de la fraude. J’aidai au chargement, et quand il fut terminé, l’armoire ayant été remise en place, la femme du receleur me pria de la suivre ; je fis ce qu’elle désirait, et dès qu’elle fut dans l’un des fiacres prêt à se mettre en route, je levai une des glaces, et soudain nous fûmes entourés. Les deux époux, traduits devant la cour d’assises, succombèrent sous le poids d’une accusation à l’appui de laquelle il existait une masse formidable de témoignages matériels irrécusables.