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précaution, jointe à ma renommée, me mit tout à fait en bonne odeur. Pas de détenu qui osât révoquer en doute la gravité du cas qui m’était imputé. Puisque j’avais montré tant d’audace et de persévérance pour me soustraire à une condamnation de huit ans de fers, il fallait bien que j’eusse la conscience chargée de quelque grand crime, capable si jamais j’en étais reconnu l’auteur, de me faire monter sur l’échafaud. On disait donc tout bas et même tout haut, à la Force, en parlant de moi : « C’est un escarpe » (un assassin) ; et comme dans le lieu où j’étais, un assassin inspire d’ordinaire une grande confiance, je me gardais bien de réfuter une erreur si utile à mes projets. J’étais alors loin de prévoir qu’une imposture que je laissais volontairement s’accréditer, se perpétuerait au-delà de la circonstance, et qu’un jour, en publiant mes Mémoires, il ne serait pas superflu de dire que je n’ai jamais commis d’assassinat. Depuis qu’il est question de moi dans le public, on lui a tant débité de contes absurdes sur ce qui m’était personnel ! quels mensonges n’ont pas inventés pour me diffamer des agents intéressés à me représenter comme un vil scélérat ! Tantôt j’avais été marqué et condamné aux travaux forcés à perpétuité ;