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apporta. Un matin, il entra chez moi ; il avait l’air effaré et paraissait excédé de fatigue. – Eh bien ! me dit-il, les camarades sont arrêtés. Arrêtés ! m’écriai-je, dans le transport d’une joie que je ne pus contenir ; mais, reprenant aussitôt mon sang-froid, je demandai des détails, en affectant d’être consterné. Saint-Germain me raconta fort brièvement comme quoi Blondy et Duluc avaient été arrêtés, uniquement parce qu’ils voyageaient sans papiers ; je ne crus rien de ce qu’il disait, et je ne doutai pas qu’ils n’eussent fait quelque coup. Ce qui me confirma dans mes soupçons, c’est qu’à la proposition que je fis de leur envoyer de l’argent, Saint-Germain répondit qu’ils n’en avaient que faire. En s’éloignant de Paris, ils possédaient cinquante francs à eux trois ; certes, avec une somme aussi modique, il leur aurait été bien difficile de faire des économies ; comment advenait-il qu’ils ne fussent pas encore au dépourvu ? la première idée qui me vint fut qu’ils avaient commis quelque vol considérable, dont ils ne se souciaient pas de me faire confidence : je découvris bientôt qu’il s’agissait d’un attentat beaucoup plus grave.

Deux jours après le retour de Saint-Germain, il me prit la fantaisie d’aller voir ma carriole,