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me flattais que c’était là un événement très prochain, mais chaque fois qu’une absence un peu plus longue que de coutume me faisait présumer que j’étais enfin délivré de ce scélérat, il reparaissait, et avec lui revenaient tous mes soucis.

Un jour, je le vis arriver avec Duluc et un ex-employé des droits réunis, nommé Saint-Germain, que j’avais connu à Rouen, où, comme tant d’autres, il ne jouissait que provisoirement de la réputation d’honnête homme. Saint-Germain, pour qui j’étais le négociant Blondel, fut fort étonné de la rencontre ; mais il suffit de deux mots de Blondy pour lui donner la clef de toute mon histoire : j’étais un fieffé coquin ; la confiance prit la place de l’étonnement, et Saint-Germain, qui, à mon aspect, avait d’abord froncé le sourcil, se dérida. Blondy m’apprit qu’ils allaient partir tous trois pour les environs de Senlis, et me pria de lui prêter la carriole d’osier dont je me servais pour courir les foires. Heureux d’être débarrassé de ces garnements à ce prix, je m’empressai de leur donner une lettre pour la personne qui la remisait. On leur livra la voiture avec les harnais ; ils se mirent en route, et je restai dix jours sans recevoir de leurs nouvelles : ce fut Saint-Germain qui m’en