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qu’il s’agit de quelque marché à conclure, je me rends aussitôt dans l’endroit indiqué. On m’introduit dans un cabinet, et j’y trouve deux échappés du bagne de Brest : l’un d’eux était ce Blondy, qu’on a vu diriger la malheureuse évasion de Pont-à-Lezen : – Nous sommes ici depuis dix jours, me dit-il, et nous n’avons pas le sou. Hier, nous t’avons aperçu dans un magasin ; nous avons appris qu’il était à toi, et ça m’a fait plaisir, je l’ai dit à l’ami… Maintenant nous ne sommes plus si inquiets, car on te connaît, tu n’es pas homme à laisser des camarades dans l’embarras.

L’idée de me voir à la merci de deux bandits que je savais capables de tout, même de me vendre à la police, ne fût-ce que pour me faire pièce, quitte à se perdre eux-mêmes, était accablante. Je ne laissai pas d’exprimer combien j’étais satisfait de me trouver avec eux ; j’ajoutai que n’étant pas riche, je regrettais de ne pouvoir disposer en leur faveur que de cinquante francs ; ils parurent se contenter de cette somme, et, en me quittant, il m’annoncèrent qu’ils étaient dans l’intention de se rendre à Châlons-sur-Marne, où ils avaient, disaient-ils, des affaires.