Page:Vidocq - Mémoires - Tome 2.djvu/216

Cette page n’a pas encore été corrigée

destinés au bourreau ; mes souvenirs me ravalaient à mes propres yeux ; je rougissais en quelque sorte en face de moi-même ; j’aurais souhaité perdre la mémoire, et mener une démarcation impénétrable entre le passé et le présent, car, je ne le voyais que trop, l’avenir était dans la dépendance du passé, et j’étais d’autant plus malheureux qu’une police à qui il n’est pas toujours donné d’agir avec discernement, ne se permettait pas de m’oublier. Je me voyais de nouveau à la veille d’être traqué comme une bête fauve. La persuasion qu’il me serait interdit de devenir honnête homme me livrait presque au désespoir : j’étais silencieux, morose, découragé. Annette s’en aperçut ; elle demanda à me consoler ; elle proposait de se dévouer pour moi ; elle me pressait de questions : mon secret m’échappa ; je n’ai jamais eu lieu de m’en repentir. L’activité, le zèle et la présence d’esprit de cette femme me devinrent très utiles. J’avais besoin d’un passeport ; elle détermina Jacquelin à me prêter le sien ; et, pour me mettre à même d’en faire usage, celui-ci me donna, sur sa famille et sur ses relations, les renseignements les plus complets. Muni de ces instructions, je me remis en voyage, et parcourus toute la basse