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conduisit dans son cabinet. Après lui avoir expliqué ma position, je lui proposai de le mettre sur les traces des frères Quinet, alors poursuivis pour avoir assassiné la femme d’un mâçon de la rue Belle-Cordière. J’offris en outre de donner les moyens de se saisir de tous les individus logés tant chez le Juif que chez Caffin, menuisier, rue Écorche-Bœuf. Je ne mettais à ce service d’autre prix que la liberté de quitter Lyon. M. Dubois devait avoir été plus d’une fois dupe de pareilles propositions ; je vis qu’il hésitait à s’en rapporter à moi. « Vous doutez de ma bonne foi, lui dis-je, la suspecteriez-vous encore, si, m’étant échappé dans le trajet pour retourner à la prison, je revenais me constituer votre prisonnier ? – Non, me répondit-il. – Eh bien ! vous me reverrez bientôt, pourvu que vous consentiez à ne faire à mes surveillants aucune recommandation particulière. » Il accéda à ma demande : l’on m’emmena. Arrivé au coin de la rue de la Lanterne, je renverse les deux estaffiers qui me tenaient sous les bras, et je regagne à toutes jambes l’Hôtel-de-Ville, où je retrouve M. Dubois. Cette prompte apparition le surprit beaucoup ; mais, certain dès lors qu’il pouvait compter sur moi, il permit que je me retirasse en liberté.