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sont des cannibales ; ils ne la mangeront pas. D’ailleurs, vous savez le refrain :

Elle aime à rire, elle aime à boire,
Elle aime à chanter comme nous

Quel mal y a-t-il à ça ? – Aucun, mais la saison est propice pour la course, tout mon équipage est en parfaite santé, et il n’y a pas besoin ici de madame pour qu’il se porte bien. À ces mots, prononcés avec humeur, Élisa baissa la vue. Chère enfant, ne rougissez pas, dit Fleuriot, le capitaine plaisante… – Non, morbleu ! je ne plaisante pas, je me souviens de la Saint-Napoléon, où tout l’état-major, à commencer par le maréchal Brune, était à pied ; il n’y eut pas de petite guerre ce jour-là : madame sait pourquoi, ne me forcez pas à en dire davantage. Élisa, que ce langage humiliait, n’était pas loin de se repentir d’avoir accompagné Fleuriot : dans le trouble qui l’agitait, elle essaya de justifier son apparition au Lion d’argent, avec cette douceur de ton, ces manières gracieuses, cette aménité de physionomie, que des mœurs très licencieuses semblent exclure : elle parla d’admiration, de gloire, de vaillance, d’héroïsme, et, afin de prendre Paulet par les sentiments, elle