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mécontens de ce que, tantôt sous un prétexte, tantôt sous un autre, j’évitais de concourir aux vols qu’ils commettaient chaque jour, me firent dénoncer sous main pour se débarrasser d’un témoin importun, et qui pouvait devenir dangereux. Ils présumaient bien que je parviendrais à m’échapper, mais ils comptaient qu’une fois reconnu par la police, et n’ayant plus d’autre refuge que leur bande, je me déciderais à prendre parti avec eux. Dans cette circonstance, comme dans toutes celles du même genre où je me suis trouvé, si l’on tenait tant à m’embaucher, c’est que l’on avait une haute opinion de mon intelligence, de mon adresse, et surtout de ma force, qualité précieuse dans une profession où le profit est trop souvent rapproché du péril.

Arrêté, passage Saint-Côme, chez Adèle Buffin, je fus conduit à la prison de Roanne. Dès les premiers mots de mon interrogatoire, je reconnus que j’avais été vendu. Dans la fureur où me jeta cette découverte, je pris un parti violent, qui fut en quelque sorte mon début dans une carrière tout-à-fait nouvelle pour moi. J’écrivis à M. Dubois, commissaire général de la police, pour lui demander à l’entretenir en particulier. Le même soir, on me