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d’artillerie légère, où j’étais entré comme enrôlé volontaire. Le régiment tenait garnison à Metz : les femmes, le manège, les travaux de nuit au polygone, m’avaient mis sur les dents ; j’étais sec comme un parchemin. Un matin on sonne le boute-selle ; nous partons ; je tombe malade en route, on me donne un billet d’hôpital, et, peu de jours après, les médecins voyant que je crache du sang en abondance, déclarent que mes poumons sont hors d’état de s’accommoder plus longtemps des mouvements du cheval : en conséquence, on décide que je serai envoyé dans l’artillerie à pied ; et à peine suis-je rétabli, que la mutation proposée par les docteurs est effectuée. Je quitte un calibre pour l’autre, le petit pour le gros, le six pour le douze, l’éperon pour la guêtre ; je n’avais plus à panser le poulet-dinde, mais il fallait faire valser la demoiselle sur la plate-forme, embarrer, débarrer à la chèvre, rouler la brouette, piocher à l’épaulement, endosser la bricole, et, pis que cela, me coller sur l’échine la valise de la Ramée, cette éternelle peau de veau, qui a tué à elle seule plus de conscrits que le canon de Marengo. La peau de veau me donna comme