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CHAPITRE II.


Joseph Lebon. — L’orchestre de la guillotine et la lecture du bulletin. — Le perroquet aristocrate. — La citoyenne Lebon. — Allocution aux sans-culottes. — La marchande de pommes. — Nouvelles amours. — Je suis incarcéré. — Le concierge Beaupré. — La vérification du potage. — M. de Bethune. — J’obtiens ma liberté. — La sœur de mon libérateur. — Je suis fait officier. — Le Lutin de Saint-Sylvestre Capelle. — L’armée révolutionnaire. — La reprise d’une barque. — Ma fiancée. — Un travestissement. — La fausse grossesse. — Je me marie. — Je suis content sans être battu. — Encore un séjour aux Baudets. — Ma délivrance.


En entrant dans la ville, je fus frappé de l’air de consternation empreint sur tous les visages ; quelques personnes que je questionnai me regardèrent avec méfiance, et je les vis s’éloigner sans me répondre. Que se passait-il donc d’extraordinaire ? À travers la foule qui s’agitait dans les rues sombres et tortueuses, j’arrivai bientôt sur la place du Marché aux Poissons. Là, le premier objet qui frappa mes regards fut la guillotine élevant ses madriers rouges au-dessus d’une multitude silencieuse ; un vieillard, que l’on achevait de lier à la fatale planche, était la victime… ; tout à coup j’entends le bruit des fanfares. Sur une estrade qui dominait l’orchestre était assis un homme jeune encore, vêtu d’une carmagnole à raies noires et bleues ; ce personnage, dont la pose annonçait des habitudes