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près de terre, au risque de se perdre sur les brisants.

En un instant, les tonneaux, enduits d’une matière qui les rendait imperméables, furent détachés et chargés sur des chevaux qu’on évacua aussitôt sur l’intérieur des terres. Un second envoi se fit avec le même succès ; mais au moment où nous recevions le troisième, quelques coups de feu nous annoncèrent que nos postes étaient attaqués : « Voilà le commencement du bal, dit tranquillement Péters. Il faut voir qui dansera… » et, reprenant sa carabine, il joignit les postes qui s’étaient déjà réunis. La fusillade devint très vive ; elle nous coûta deux hommes tués, quelques autres furent légèrement blessés. Au feu des douaniers, on voyait aisément qu’ils nous étaient supérieurs en nombre ; mais effrayés, craignant une embuscade, ils n’osèrent pas nous aborder, et nous effectuâmes notre retraite, sans qu’ils fissent la moindre tentative pour la troubler. Dès le commencement du combat, l’Écureuil avait levé l’ancre et gagné le large, dans la crainte que le feu n’attirât dans ces parages la croisière du gouvernement. On me dit qu’il achèverait probablement de débarquer sa cargaison sur un